Premières recherches de Anna Saint-Pierre avec les déblais du chantier rue Montesquieu.
le 09/04/2018
Les déblais en héritage, matière à création grâce à la recherche par le design.
Sous l’impulsion des défis soulevés par le discours Anthropocène, comment proposer de nouveaux modes de transmission à partir de la transformation des déblais – posée comme une alternative à la tabula rasa et à la stricte restauration ?
La seconde vie des matériaux de destruction – imprégnés des vies qui les ont habités et chargés d’histoires - est une source de transmission culturelle et environnementale à reconsidérer. L’objet de cette recherche par le design est la réhabilitation des déblais – produits par excavations, curages, déconstructions et destructions – en tant que matière à forte valeur ajoutée (valeur de remémoration, valeur d’usage). Cette réflexion sur la valorisation des gravats saisit l’opportunité offerte par le changement d’état des matériaux architecturaux (blocs, fragments, graviers, sables, limons…) pour proposer une nouvelle matière architecturale «textilisée» qui accompagne les changements du bâti.
Les fragments de briques prélevés sur le chantier ont été porphyrisés et tamisés pour atteindre la finesse granulométrique du pigment, puis mélangés à un liant.
L’encre obtenue, chargée de la matière architecturale du site, a été imprimée sur un textile grâce à des procédés sérigraphiques.
Ainsi la brique devenue débris prend maintenant la forme d’un tissus dont le graphisme évoque les motifs de dallage de marbres.
Sur site les déblais sont tamisés et stockés dans un contenant. Reprenant le principe du gabion, ce procédé permet de conserver la matière à l’état de gravats (de granulométries variables).
Ainsi les composants de ce matériau peuvent être désolidarisés les uns des autres facilement dans la perspective d’une 3e vie.