« Aucun plan abstrait... »
Le moment de la reconstruction de l'Hôtel-Dieu à Paris, après l’incendie de 1772, est l’occasion d’une effervescence de réflexions et de projections sur la santé et les lieux de la santé. Moment qui constitue l’un des jalons décisifs de l’histoire de la « médicalisation » de la société (et de l’architecture). De nombreux projets pour le nouvel Hôtel-Dieu sont alors proposés, autant de déclinaisons de la croyance qui s’installe alors, celle d’une « médecine du milieu » complice d’une médecine de l’individu soigné. Pour nourrir les débats, le chirurgien Jacques Tenon est chargé d’aller faire un grand voyage d’étude, et de ramener ses impressions sur les modèles hospitaliers qu’il visite. Il en conclut, rapporte Foucault dans « L'incorporation de l'hôpital dans la technologie moderne » :
« Aucune théorie médicale n'est suffisante en elle-même pour définir un programme hospitalier. De plus, aucun plan architectural abstrait n'est en mesure d'offrir la formule du bon hôpital ».
A l’heure d’une nouvelle reconstruction de l'Hôtel-Dieu, la remarque de Tenon est particulièrement pertinente pour décrire la méthode de l’agence SCAU. Les projets conçus par l’agence (rassemblés dans l’image en tête d’article) font la démonstration d’une conviction forte : il ne doit pas exister un unique modèle, abstrait, qui prendrait en charge une diversité de situations ; au contraire, tout nouveau projet doit être abordé sans a priori formel, sans modèle prédéterminé ; c’est le contexte (humain, programmatique, médical, économique, immobilier, urbain) qui nous amènera à la solution la plus juste.