L’agence est fière de lancer le partenariat PLACEBO, collaboration pluri-annuelle avec l’école des Arts Décoratifs de Paris consacrée à la santé et au soin. Via l’organisation de workshops, le soutien à des grands diplômes, et l’organisation d’événements communs, PLACEBO va chercher à interroger, critiquer, et renouveler les réflexions et les pratiques : pourrons-nous, en mettant en dialogue et en tension les méthodes (celles des architectes, celles des artistes, celles des designers), construire des stratégies communes de fabrication d’un « espace soignant » ?

 

 

Les discours et les pratiques du soin produisent un croisement complexe d’enjeux culturels, du plus intime au plus politique. Et l’approche contemporaine est, du point de vue de l’espace, paradoxale : la « bonne santé » des habitants constitue un objectif prédominant de toutes les démarches de conception, et dans le même temps nous entretenons le modèle de l’« hospitalo-centrisme », conséquence (y compris architecturale) d’une domination de la dimension technique du soin (le cure) sur sa dimension relationnelle (le care). Ce schéma montre aujourd’hui ses limites, et d’autres modèles semblent devoir être inventés pour fabriquer les conditions d’une « fonction soignante en partage » (Cynthia Fleury) dispersée dans la ville, et pour faire de la santé un paradigme transversal à partir duquel nous pourrons repenser nos relations à l’espace. 

 

Partager la fonction soignante, en partageant les cultures et les méthodes : les praticiens de l’espace (architectes, designers, architectes d’intérieur, artistes,...) doivent mettre en commun et en tension leurs discours, leurs manières de faire, leurs échelles et temporalités de réflexion et de fabrication. Des nouvelles relations à l’habitant-patient émergeront de ces échanges et contribueront à renverser la situation décrite par George Canguilhem dans Le normal et le pathologique : il ne doit plus s’agir de prendre soin d’une condition médicale, mais de prendre soin d’un individu ; en parvenant à reconnaître et à valoriser son essentielle vulnérabilité. Et en suivant la pensée du care, telle qu’elle a été formulée par Joan Tronto, nous avons à penser le statut de l’humain en tant que récepteur de soin mais aussi en tant que donneur de soin ; en faisant cela, selon Tronto, nous réparons le monde autant que ses habitants.

 

L’agence SCAU, aux côtés des enseignants et étudiants de l’ENSAD, veut accompagner et encourager des projets qui travaillent à remettre en question les relations entre l’espace, l’humain et la santé ; à réinventer les usages par une réconciliation du cure et du care, c’est-à-dire en mettant en œuvre le soin comme pratique sensible autant que technique ; à proposer des méthodes qui dialoguent avec celles de l’architecture pour construire des stratégies communes de fabrication d’un « espace soignant » (un espace placebo ?). 

 

 

PLACEBO est la nouvelle étape d’une relation engagée avec les Arts Décos depuis plusieurs années : co-encadrement de workshops (consacrés à l’Eglise Saint Eustache et à l’Atrium de Montpellier), accueil d’une thèse en CIFRE, publication d’un ouvrage commun, etc. En cherchant à croiser les disciplines et les sensibilités, il s’agit d’inventer d’autres récits architecturaux et urbains, des récits nourris par l’imaginaire et le savoir-faire des jeunes artistes et designers qui travaillent à nos côtés.